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Repérage de l’origine professionnelle des cancers cutanés par autoquestionnaire

santé santé au travail santé publique 12 Nov 2024 Actualités

by S. Benarab, P. Marcant, M. Brissaud, A. Sobaszek, C. Nisse, L. Mortier

ScienceDirect

Date : Decembre 2020

Volume 147, Issue 12, Page A248

DOI : /10.1016/j.annder.2020.09.339

Introduction

Les cancers cutanés sont les premiers dont l’origine professionnelle a été décrite. Malgré l’existence de tableaux de maladies professionnelles (MP) liées à l’arsenic, aux huiles dérivées du pétrole et aux dérivés de la houille, pour les carcinomes épidermoïdes (CE) ou basocellulaires (CBC), le nombre de reconnaissance en MP est en régression en France pour ces pathologies.

Matériel et méthodes

Dans le cadre de leur prise en charge globale, les patients reçus en réunion de concertation pluridisciplinaire d’onco-dermatologie au CHU de Lille ont complété un autoquestionnaire retraçant leur parcours professionnel et leurs expositions actuelles ou passées à certains facteurs de risques avérés : ultraviolets (UV), arsenic, radiations ionisantes, dérivés de la houille et huiles dérivées du pétrole. Le service de Pathologies Professionnelles a expertisé les données d’exposition et a proposé une consultation pour conseiller le patient sur une demande de reconnaissance en MP. Nous avons effectué une analyse rétrospective des données d’expositions colligées.

Résultats

Entre septembre 2019 et mars 2020, 256 patients ont été inclus (taux de participation 63 %), majoritairement de sexe masculin (55,8 %) avec un âge médian de 73 ans. 34,7 % des patients consultaient pour un CBC, 30,1 % pour un mélanome et 14 % pour un CE. Les expositions aux UV (16 %) et aux huiles minérales (13,7 %) étaient le plus rapportées. Une déclaration en MP a été conseillée à 15 patients (5,9 %) : 8 en lien avec un tableau de MP et 7 pour des expositions hors tableau, majoritairement liées aux UV (6/15), dont 2 pour un mélanome.

Discussion

La prévalence des expositions professionnelles à des cancérogènes cutanés est importante ; cependant, leur sous-repérage conduit à une sous-déclaration. Aucun tableau de MP n’existe concernant l’exposition aux UV, facteur de risque majeur de survenue de cancer cutané. Dans ce cas, la reconnaissance en MP résulte de l’avis du Comité Régional de Reconnaissance en MP (CRRMP) qui doit statuer sur le lien direct et essentiel entre la pathologie et l’exposition en prenant en compte l’exposition solaire extraprofessionnelle. La hausse des propositions de déclarations de MP « hors tableau » par les dermatologues devrait permettre une évolution des tableaux ainsi qu’une meilleure indemnisation du patient.

Conclusion

La part professionnelle des cancers cutanés paraît non négligeable mais la reconnaissance en MP se heurte à de nombreux obstacles. Un repérage de l’exposition professionnelle par autoquestionnaire permet de proposer plus facilement une demande de reconnaissance en MP, notamment en l’absence de tableau spécifique, donnant droit à une indemnité proportionnelle aux séquelles.

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